La théorie générale des systèmes (Ludwig vonBertalanffy) et la cybernétique
(Norbert Wiener) ont mis en évidence dans les années 50 une distinction dans
les natures de changement des systèmes complexes. Grégory Bateson, dont les
travaux ont donné naissance à l’approche de Palo Alto, s’est appuyé sur ces
réflexions afin de mieux comprendre l’évolution des personnes ou des systèmes
humains qu’elles composent. Il a parlé de deux types de changement : type1
et type 2. Personnellement, je pense que cette distinction est fondamentale
pour se pencher sur la question de la conduite du changement. Elle me permet
d’avoir une idée de ce qui se passe ou ne se passe pas dans les stratégies de
changement. Elle me donne une indication sur les ambitions de changement, et
m’aide à conseiller et accompagner des clients pour un réel changement.
Les
changements de type 1 maintiennent le statu quo La vocation du changement de
type 1 est de préserver un équilibre.
Les comportements de résistance au changement traduisent des attitudes
typiques de changement de type 1. En effet, ceux qui résistent au changement
déploient des moyens pour ne pas perdre leur équilibre antérieur, autour d’une
norme déterminée. Les moyens déployés font en sorte de ramener les choses à la
norme, dès que les écarts sont intolérables. Dans les changements de type 1, il
n’y a pas à proprement parler de transformation des mentalités ou des modes de
relation. Les efforts menés permettent de s’accommoder, de s’adapter aux
évolutions de l’environnement ou d’une situation. Au sein des entreprises et
des organismes publics, les stratégies de changement qui s’appuient sur une
planification stratégique sont adéquates pour produire une évolution organisationnelle.
En revanche, une évolution des mentalités ne peut se produire que par
l’intermédiaire d’un changement de type 2. Le chemin qui y mène, est souvent
chaotique et c’est la qualité de la relation qui est le principal vecteur de
changement pour faire advenir la transformation attendue.
Il est
difficile de faire changer des personnes contre leur gré
Dans nos sociétés, nous avons relativement peu de moyens d’imposer des
changements de comportement. Les individus ne peuvent aller vers ces
changements que s’ils en sont eux-mêmes convaincus. Il est difficile de forcer
quelqu’un à faire quelque chose qui ne dépend que de sa propre volonté (être
responsable, savoir anticiper, faire de la qualité...) La production d’une
évolution des mentalités au sein des entreprises et des organisations, de mon
point de vue, ne peut passer que par une alternative. Soit les commanditaires
ont les moyens, l’autorité, pour l’imposer ; soit la qualité de la
relation de la conduite du changement crée les conditions pour que la nature du
changement recherché puisse apparaître. Les changements de type 2 traduisent
une transformation des règles du jeu (les règles du jeu relationnel), un
changement de norme entre les parties qui demandent le changement et celles qui
sont censées le produire. Ce processus est étalé dans le temps. Seule une
évolution de la qualité de la relation produit les changements attendus.
Lorsque je parle d’évolution de la qualité de la relation, cela veut dire que
fondamentalement les modes de relations antérieurs sont abandonnés au niveau du
discours et des actes. Par exemple, l’encadrement est capable de passer d’un
mode de fonctionnement basé sur le contrôle à un mode basé sur la semi
autonomie. Les dirigeants pensent que leurs collaborateurs sont dotés d’une forte
capacité d’apprentissage et d’un grand sens des responsabilités. Ils sont en
mesure de prendre le risque de laisser les collaborateurs décider dans un
nombre élargi de circonstances. Ils apportent leur soutien seulement s’il est
sollicité. Plus la cohérence, entre le discours et les actes, est forte, plus
le changement des mentalités va loin, après une période d’observation plus ou
moins longue en fonction de l’enracinement des représentations mentales et des
croyances de chacun.
Le
changement de type 2 est un changement de changement
Généralement, les changements de type 2 sont nécessaires lorsque les
changements de type 1 ne permettent plus au système de maintenir son équilibre.
Lorsque les résistances au changement se font de plus en plus fortes, seul un
changement de la nature du changement est susceptible de provoquer les
évolutions attendues.
En matière d’accompagnement à la conduite du changement, lorsqu’un client
me demande une aide, c’est que généralement la façon dont il s’y est pris, n’a
pas produit le résultat attendu. En l’interrogeant, sur les résultats visés et
la façon dont il s’y est pris jusqu’à présent, j’ai une bonne indication sur le
type de changement engagé. Alors il m’est possible, progressivement d’amener le
client plus facilement vers un changement de type 2, adapté à son contexte.
De mon point de vue, il n’est de véritable changement que de type 2. Au
quotidien nous réalisons des changements de type 1 afin de maintenir un niveau
de qualité de relation satisfaisant avec notre environnement. Ces changements
de type 1 sont des évolutions, des adaptations naturelles ou de simples
régulations de notre mode de relation avec notre environnement. Chaque fois
qu’un changement pose problème c’est parce qu’il faut réaliser un changement de
type 2 en regard de la situation à considérer.
Prendre en compte l’existence de ces 2 types différents de changement,
recadre de façon positive les résistances au changement comme un indicateur de
la nécessité de changer le changement. Face à une situation bloquée, c’est une
bonne manière d’élargir la recherche de solutions à des approches radicalement
différentes pour éviter de faire plus de la même chose.
Une réorganisation des entreprises se limite souvent à un changement de
type 1 si les mentalités ne se transforment pas.
Dans ce type de projet, l’éventail des solutions (univers des possibles)
est généralement très large à son début. Il va se rétrécissant en fonction des
impacts, des actions envisagées et ou menées, sur la vie professionnelle et
personnelle des personnes concernées. Certains disent que la montagne accouche
d’une souris. Ce que certains appellent les révolutions, traduit souvent un
changement de type 2. Il correspond à une évolution des modèles (paradigmes),
des représentations. Lorsque l’on cherche à produire ce type de changement, les
résistances et les difficultés s’expriment d’emblées. La qualité de
l’engagement des commanditaires du changement, de l’écoute et de l’ouverture à
l’apprentissage, crée un contexte pour qu’apparaisse un cercle vertueux dans
lequel chaque pas en avant suscite l’envie d’en faire un autre. Le changement
devient exponentiel avec le temps qui passe.
Olivier Millet
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certifiés Maître praticien PNL
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